L’agriculture est une source significative de gaz à effet de serre (GES), contribuant à près de 14% des émissions mondiales. Parmi les différentes pratiques agricoles, l’utilisation des matières fécales d’animaux (fumier) joue un rôle majeur. Cet article examine les mécanismes par lesquels le fumier contribue aux émissions de GES, notamment le méthane (CH₄), le protoxyde d’azote (N₂O) et le dioxyde de carbone (CO₂), et propose des solutions pour réduire ces émissions tout en maintenant la productivité agricole.
La réduction du niveau de fertilité des terres agricoles est un facteur favorisant la vulnérabilité de l’agriculture aux différentes contraintes auxquelles elle est confrontée. Dans l’optique de trouver une solution à ce problème, les chercheurs se tournent vers les solutions de l’agriculture biologique respectueuse de l’environnement. De ce fait, en lieu et place des engrais chimiques généralement utilisés par les agriculteurs, les scientifiques conseillent davantage l’usage des engrais organiques notamment les déjections d’animaux pour la fertilisation des terres pauvres. Cependant, cette solution bien que réduisant la pollution du sol et de la nappe phréatique n’est pas sans conséquences sur l’environnement. En effet, les matières fécales d’animaux, utilisées comme fertilisants organiques, sont une source importante de CH₄ et N₂O, deux GES ayant un potentiel de réchauffement global beaucoup plus élevé que le CO₂. Cet article explore comment ces matières contribuent aux émissions de GES et propose des stratégies pour atténuer leur impact.
Méthodes de Contribution aux Émissions de GES :
- Fermentation entérique : Les ruminants produisent du méthane lors de la digestion. Le méthane est un gaz à effet de serre 28 fois plus puissant que le CO₂ sur un horizon de 100 ans.
- Stockage et traitement du fumier : Le méthane est produit lorsque le fumier est stocké dans des conditions anaérobies, telles que les lagunes de décantation
- Nitrification et dénitrification : Ces processus microbiens dans le sol, stimulés par l’application de fumier riche en azote, produisent du N₂O, un gaz à effet de serre 298 fois plus puissant que le CO₂.
- Volatilisation et dépôt : L’ammoniac (NH₃) volatilisé du fumier peut se déposer et se transformer en N₂O.
- Décomposition de la matière organique : La dégradation du fumier libère du CO₂.
- Utilisation de carburants fossiles : Les machines agricoles utilisées pour appliquer le fumier consomment des carburants fossiles, produisant du CO₂.
Facteurs Influant sur les Émissions
- Type de stockage : Les tas de fumier et les cuves fermées réduisent les émissions par rapport aux lagunes ouvertes.
- Conditions climatiques : Les températures élevées et l’humidité accélèrent la décomposition et augmentent les émissions.
- Méthodes d’application : L’incorporation rapide du fumier dans le sol réduit les émissions de méthane mais peut augmenter celles de N₂O.
Solutions pour Réduire les Émissions
- Amélioration des techniques de stockage : utilisation de digesteurs anaérobies pour convertir le fumier en biogaz ; réduction de la durée de stockage du fumier à l’air libre.
- Optimisation de l’Application des Engrais : application de fumier en fonction des besoins précis des cultures pour éviter les excès d’azote ; incorporation rapide du fumier dans le sol pour réduire les émissions de NH₃ et de N₂O.
- Gestion des Pâturages : rotation des pâturages pour éviter la surcharge et permettre une meilleure gestion du fumier sur les terres ;
- Utilisation de compléments alimentaires : Intégration de compléments alimentaires pour réduire la production de méthane par les ruminants.
La gestion des matières fécales d’animaux en agriculture est complexe et nécessite une approche holistique. Les pratiques actuelles peuvent être améliorées par l’adoption de technologies et de pratiques de gestion optimisées. La recherche continue est nécessaire pour développer des solutions innovantes qui équilibrent la production agricole avec la réduction des impacts environnementaux
L’utilisation des matières fécales d’animaux en agriculture est une pratique essentielle pour maintenir la fertilité des sols, mais elle contribue également de manière significative aux émissions de GES. En adoptant des techniques de gestion améliorées, il est possible de réduire ces émissions tout en maintenant la productivité agricole. Des efforts concertés entre agriculteurs, chercheurs et décideurs politiques sont nécessaires pour mettre en œuvre des solutions durables.
Auteur: Zyad TOGONOU